Témoignage
Responsable de Service
Michèle, responsable service emploi au Centre de Gestion de la fonction publique territoriale de Toulouse.
Depuis quand existe la police municipale et comment a-t-elle évolué ces dernières années ?
La police municipale est une police très jeune. La création de son cadre d'emploi de catégorie C (grades de gardien, de brigadier/brigadier-chef et chef de police municipale) ne date que de 1994. Depuis la loi du 15 avril 1995, ses effectifs ont beaucoup augmenté. Ses missions se sont élargies à partir de 1999. En 2000, le cadre d'emploi de catégorie B (chef de service) a été créé, puis celui de catégorie A (directeur de police municipale, pour des services de 40 agents au minimum).
Quel rôle joue le centre de gestion de la fonction publique territoriale ?
Nous publions les offres d'emploi des collectivités sur notre site internet, pour des candidats qui viennent de passer le concours ou des personnes en recherche de mobilité comme des policiers nationaux, des gendarmes, ou des militaires qui sont de plus en plus nombreux depuis 2005 à vouloir travailler dans la police municipale.
Nous accompagnons aussi certaines petites collectivités dans leur processus de recrutement.
Comment recrutez-vous ?
Nous avons récemment fait un recrutement pour une commune de 2700 habitants à une soixantaine de kilomètres au sud de Toulouse. Nous avons reçu 8 candidatures et convoqué 3 personnes mais nous avons dû annuler le jury car deux des trois candidats convoqués avaient déjà trouvé un poste. La seconde fois, nous avons reçu 19 candidatures, convoqué 7 personnes dont deux se sont désistées. Un candidat venant de région parisienne et ayant travaillé dans des quartiers difficiles, a tenu un discours très favorable à l'armement, ce que la maire n'a pas du tout apprécié. Finalement, nous avons retenu une femme. Cela n'a pas été facile de convaincre les élus car une femme constitue un frein pour eux. Nous essayons de leur faire comprendre que cela peut être plus facile pour une femme d'approcher des jeunes agressifs par exemple.
Les élus ont du mal à voir des femmes dans l'uniforme de policier municipal ?
Jusqu'à présent, les élus ne voulaient pas entendre parler de femmes, mais c'est en train d'évoluer. On les pousse à les recevoir en entretien et ils sont souvent agréablement surpris. Nous avons de plus en plus de candidatures de femmes qui auparavant étaient découragées car elles n'arrivaient même pas à obtenir un entretien.
Quel est le niveau des candidats ?
Comme dans tous les concours de la fonction publique, les nouveaux candidats au concours de police municipale ont des niveaux de plus en plus élevés : jusqu'à bac+3/4, pour des postes de catégorie C. Ces personnes au niveau d'études élevé ne sont pas forcément recrutées car on sait qu'elles voudront évoluer rapidement et partir.
Quelles sont les compétences et qualités demandées aux candidats ?
Une bonne connaissance de la réglementation, des techniques rédactionnelles indéniables, des notions de sociologie et d'ethnologie urbaine, une bonne maîtrise de soi, des qualités relationnelles, de la discrétion, de la rigueur et beaucoup de disponibilité.
Qu'attendent les élus de leurs gardiens de police municipale ?
De parler avec les jeunes, de se coordonner avec d'autres services, de savoir écouter, accompagner les personnes en difficulté, de dialoguer avec des personnes spécifiques (les SDF, les gens du voyage…), de savoir orien ter les personnes vers les services compétents. Pour cela, ils ont besoin de techniques de médiation et de gestion de conflit.
Souvent, les communes demandent aussi aux policiers municipaux d'assurer la police funéraire. Pour cela, ils préfèrent recruter des candidats l'ayant déjà assuré.
Les militaires sont-ils de bonnes recrues pour la police municipale ?
Pas forcément car les missions sont différentes : c'est de la proximité plus que de la répression. De plus, ils ont souvent une carrière avancée et coûtent donc plus cher aux collectivités, tout en devant quand même partir six mois en formation. Cependant pour l'un de nos derniers recrutement, c'est un militaire de 57 ans ayant fini sa carrière qui a été recruté comme garde-champêtre. Il donne entièrement satisfaction à la collectivité.
Les petites communes ont plus de mal que les grosses à recruter…
Oui, les plus petites communes ont du mal à attirer, surtout dans une période à fort recrutement comme en ce moment (38 ouvertures de postes en Haute-Garonne proposées sur notre site en 2007).
Elles préfèrent avoir des policiers opérationnels et cherchent donc des personnes en mutation plutôt que les récents lauréats, ce qui limite encore.
… mais les grandes communes ont du mal à garder leurs recrues
Toulouse organise ses propres concours mais a du mal à garder ses lauréats. Les recrues attendent d'être titularisées pour partir dans des communes de 3 à 6000 habitants…