Témoignage Chef de Service Police Municipale
André Mille, chef de service à la police municipale de Lille.
Depuis quand travaillez-vous dans la police municipale ?
A Lille, la police municipale existe depuis 1971. J'y travaille depuis 1981, soit 27 ans. J'ai gravi tous les échelons, de gardien, gardien principal, brigadier, brigadier-chef, chef principal jusqu'à chef de police. Ce grade allant bientôt disparaître, je dois passer un examen professionnel pour devenir chef de service.
Quel est le rôle de la police municipale ?
Notre rôle est de faire respecter les arrêtés du maire. Nous sommes le relais entre la population et les autorités. Nous sommes les yeux et les oreilles de la ville.
Y-a-t-il des différences de missions d'une municipalité à une autre ?
Certaines polices municipales s'occupent du funéraire ou des marchés. Chez nous, ces tâches sont effectuées par des civils encadrés par des policiers.
Nous essayons de faire de la prévention : éviter les poubelles dehors qui peuvent être dangereuses pour les non-voyants, les gouttières cassées qui peuvent provoquer du verglas en hiver, les antennes qui risquent de tomber. Pour nous, verbaliser est la dernière extrémité, c'est un échec.
Je traite aussi l'important courrier que je reçois, notamment pour les chiens errants ou dangereux.
Nous pouvons faire presque les mêmes choses que la police nationale, à une dizaine d'articles près (les autoroutes, le contrôle routier en dehors de toute infraction et les grands excès de vitesse), par exemple faire des contrôles de vitesse.
Comment est organisée la police municipale à Lille ?
Nous avons 90 à 94 policiers municipaux, dont un tiers de femmes, et 35 à 40 ASVP (agent de surveillance de la voie publique), en charge de la verbalisation du stationnement payant.
Elle est organisée en plusieurs brigades :
- une fourrière municipale gérée par nous avec 7 ou 8 policiers en tenue et quelques agents administratifs, en coordination avec la police nationale.
- l'îlotage dans les quartiers : cinq zones avec une vingtaine d'agents par zone et deux véhicules. Il y a un poste de police dans chaque quartier ouvert de 8h à 19h. C'est une police de proximité que va au-devant de la population, essaye de comprendre les problèmes qu'elle rencontre (un chien qui aboie trop, une voiture qui gène une sortie…) et les résoudre.
- une brigade en VTT de 5 à 6 personnes patrouille dans le centre, le vieux-Lille et les zones vertes. C'est notre « vitrine ».
- trois équipes de nuit d'une vingtaine de personnes.
- une brigade canine. Elle a été supprimée mais devrait être recréée bientôt avec des gardiens de police municipale ayant reçu une formation supplémentaire de maître-chien.
- une brigade environnement que nous avons eu pendant deux ans et demi avec sept agents, qui s'occupait des sacs poubelles, des crottes de chiens, de chantiers polluants, des nuisances sonores, des tags… Elle vient d'être arrêtée car elle faisait doublon avec les brigades réparties dans les quartiers.
Quelles armes portez-vous ?
Nous n'avons pas de pistolet mais des armes de 6ème catégorie, tonfa et bombe lacrymogène. Par ailleurs, notre code de déontologie nous interdit d'être en civil.
Comment sont formés vos policiers ?
Tous les jeunes qui entrent chez nous reçoivent une formation de six mois au CNFPT (centre national de la fonction publique territoriale), appelée FIA (Formation Initiale d'Application).
Tous les agents y passent une assermentation pour le bruit (qui nécessite un agrément du procureur) avec deux modules : le bruit relevé à l'oreille et le bruit relevé avec des machines.